COMMENT PRENDRE EN COMPTE LES DIFFICULTÉS D'APPRENTISSAGE ?

Lorsque le formateur accueille son groupe de participants, il recueille déjà quantité d’informations : il échange quelques mots avec chacun et repère les prénoms, le participants discret, voir timide, celui qui parle ou rit fort, celui dont ce n’est pas la langue maternelle, celui qui n’a pas l’air en forme etc. Toutes ces informations sont précieuses pour la suite, lorsqu’il faut faire des groupes ou juste gérer les interventions de chacun pour que tous soient pris en compte. Tout cela est relativement simple à détecter.
Qu’en est-il des difficultés moins évidentes comme d’anciens traumatismes scolaires ou certains handicaps invisibles, tels que le une légère dyslexie, un léger trouble du spectre de l’autisme ou un trouble de l’attention?
Selon l’OMS, une personne sur huit dans le monde présente un trouble neurodéveloppemental. Ces troubles sont présents depuis la petite enfance et persistent à l’âge adulte. Les personnes qui en souffrent ont souvent des difficultés d’apprentissage.

Prendre en compte l’éventualité de ces difficultés peut considérablement améliorer l’apprentissage de l’ensemble des participants, avec ou sans difficultés.

1/ En amont

  • Pour les textes, on utilise une police de caractères sans sérifs et non complexes : Helvetica, Courier, Arial et Verdana sont les plus simples à lires. Le texte doit être aéré et dans une taille confortable (12-14 sur papier et au moins 28 sur écran) et sur une page (pas de recto-verso). Utiliser le moins possible de mouvements dans les textes (apparition ou disparition progressive du texte par ex.). Si on utilise une projection, le texte projeté sera lu en même temps que les participants. Cela permet d’ailleurs à tous de rester concentré sur le formateur et non sur ce qui se passe à l’écran.
  • Le rythme de la formation doit être calibré pour avoir des pauses régulières toutes les 45 minutes environs. Pas de panique, une pause cérébrale peut se traduire par un changement de support de formation (on passe d’un Ppt à un flipchart par ex.) ou une question posée à l’auditoire. Ce n’est pas une grande pause comme la pause-café.
  • La disposition de la salle est informelle : en U ou en cercle. Les personnes ayant de mauvais souvenirs de la salle de classe s’y sentiront mieux, l’ambiance sera plus conviviale et l’apprentissage par les pairs facilité. Si des tables sont nécessaires, mettre les participants par quatre face à face autant que possible pour avoir de petits groupes.
  • Lorsqu’on en a la possibilité, choisir une salle où l’acoustique est agréable (où ça ne résonne pas).
  • Aérer la salle à chaque grande pause. L’oxygénation de la pièce aidera à une meilleure concentration.
  • Ranger au moins grossièrement la salle à chaque grande pause également (ramasser les papiers qui traînent, les gobelets, demander aux participants de mettre leurs sacs sous leur chaise etc.) Un ordre relatif permet de renforcer la concentration et de ne pas troubler l’attention des participants.

2/ Pendant la formation

  • Penser à ne pas toucher les participants (chacun a sa « bulle » et beaucoup de gens n’aiment pas être touchés) ou bien en demandant leur permission. (Les tapes amicales ou la main sur l’épaule pour expliquer quelque chose ne sont pas bienvenues).
  • Lorsque l’on circule de groupe en groupe, dans la salle ou durant la pause, essayer de ne pas venir dans le dos de vos participants mais présentez-vous devant eux pour qu’ils vous voient venir.
  • Lors de l’accueil rassurer le groupe sur la manière de travailler et interagir avec lui. Expliquer ce qui va être fait et ne pas prendre les gens par surprise.
  • Ne pas obliger une personne à parler ou lire si elle ne le souhaite pas. La règle vaut pour tous mais particulièrement pour une personne ayant des difficultés spécifiques d’apprentissage.
  • Ne pas non plus forcer le travail en groupe. Certaines personnes sont très mal à l’aise avec les interactions sociales. Elles devraient pouvoir voir la possibilité de travailler seules ou seulement à deux.
  • Ne pas hésiter à répéter (la personne a peut-être une difficulté auditive) et à reformuler.
  • Réagir avec calme quand une personne réagit avec agitation, impulsivité ou est inattentive, cela peut être un signe d’hyperactivité. Ces personnes ont souvent une faible tolérance à la frustration et peuvent être plus difficiles à gérer dans un groupe. Elles ont besoin de tâches stimulantes. Essayer de les mettre à profit en les engageant dans une activité utile pour le groupe.
  • Changer de support de manière régulière, la monotonie n’aide personne. Ne pas hésiter à utiliser les supports visuels en plus des écrits.
  • Utiliser l’apprentissage par les pairs : les mauvais souvenirs de professeurs « autoritaires » ne refont pas surface et la confiance en soi est renforcée. L’apprentissage est décuplé par les échanges de pratiques et d’anecdotes.
  • Récapituler ce qui a été vu en fin de matinée avant le repas et le rappeler en début d’après -midi. Le faire chaque jour de formation avec un grand récap à la fin. L’utilisation de la facilitation graphique permet d’avoir un visuel rapidement compréhensible. Cela fixe les apprentissages pour tous et plus particulièrement pour les personnes qui ont des difficultés.

En conclusion, il est très difficile de répondre à tous les besoins bien évidemment. On peut cependant être attentifs à de nombreux aspects qui permettront de faciliter les apprentissages et au plus grand nombre de se sentir pris en compte.

Article rédigé par Hélène Barkovic, coach, consultante et formatrice. Hélène Barkovic dirige Permalearning, retrouvez plus d’informations sur le site https://permalearning.eu/